........... Etape 6 : Mardi 1er novembre : Ouagadougou -> Manga : 91 km ...........

Exercice de style ... Pour une journée de reprise, le peloton du Tour a manqué de dynamisme sur la route de Manga. La stratégie appliquée par les trois formations burkinabè pour contenir les rivaux camerounais et consolider le maillot jaune de Jérémie Ouedraogo a fonctionné à merveille. Les Alsaciens de l’équipe Franç’or, qui n’ont pas de réelles ambitions au classement général, ont remporté leur troisième victoire d’étape, la deuxième pour Mickaël Schnell.

Une seconde d’avance ... pour Ouedraogo. L’animation de la course se résume dans les quinze premiers kilomètres à une attaque insignifiante du Camerounais Teguimaha, qui ne passe que deux kilomètres à l’avant-garde du peloton, avec une centaine de mètres d’avance. L’enjeu du sprint intermédiaire de Koubri (km 19) réveille en partie les habitués des « points chauds », les Burkinabè ayant concocté un plan redoutable au service de leur leader, porteur du maillot jaune. En passant sur la ligne en 3ème position, derrière Marien (BEL) et Amann (FRA), Jérémie Ouedraogo empoche une seconde supplémentaire de bonifications et se détache ainsi de ses deux poursuivants au classement général, Rouamba (BUR) et Tega (CAM), postés dans la même seconde au départ de l’étape.

La stratégie se répète ... Après avoir récupéré Karel Pattyn (BEL), auteur d’une courte tentative d’échappée au kilomètre 24, le peloton se présente dans le même état d’esprit au deuxième sprint intermédiaire, où J.Ouedraogo poursuit son grappillage. Deuxième derrière Marien, il a maintenant deux secondes d’avance au classement général virtuel sur son capitaine vénéré Saïdou Rouamba, qui a également empoché un point et une seconde. Heureusement que Gunter Cuylits (BEL) fait des efforts pour tenir les suiveurs en éveil. Avec Tekou Foukou (CAM), avec Sanda (CAM) et Tailland (FRA) ou avec A.Thiam (SEN), le maillot rose attaque à tout va, sans jamais prendre plus d’une centaine de mètres d’avance. Car les sprints intermédiaires, cochés sur l’agenda du jour de l’armada burkinabè, se suivent et se ressemblent. Au km 62, J.Ouedraogo s’empare des trois points et des trois secondes de bonifications.

Un doublé pour Schnell ... Les initiatives les plus crédibles du jour se déclenchent dans les vingt derniers kilomètres, où un petit groupe de six coureurs accélère, mais se retrouve condamné par la présence de l’ex-maillot jaune Martinien Tega (CAM). A moins de dix kilomètres, une brochette de coureurs tout aussi menaçante pour le maillot jaune, puisque Tega, mais aussi Pattyn, en font partie, lâche le peloton. Il est naturellement hors de question pour les Burkinabè de laisser cette échappée s’organiser : l’équipe Sofitex s’emploie pour fondre sur eux. A 3 km de la ligne, la jonction est effectuée, bien que Pattyn (BEL), avec Goulard (FRA) et Wolf (FRA) aient gardé un avantage d’une centaine de mètres. Le trio, qui devient un carré avec l’arrivée de Jacinto (ANG), ne manque pas d’allure, mais le peloton l’a gardé en ligne de mire : ils sont repris à environ deux cent mètres de la ligne. Schnell s’impose dans un sprint massif mouvementé et remporte un deuxième succès au Burkina.

............................... Classement Général ...............................

............................................. Objectif, grandir vite ! .............................................

Jérôme Casagrande, un éducateur sportif qui a claqué la porte de la fonction publique pour monter une structure indépendante, aime les paris un peu fous. Celui qu’il a relevé pendant le mois de septembre ne manque pas d’audace. Après avoir organisé un stage pour une dizaine de coureurs gabonais dans le nord de la France, il a accepté de prendre en charge la destinée d’une équipe nationale en pleine reconstruction. Absent du Tour du Faso depuis le début des années 80, le Gabon tente cette année de redonner forme à un cyclisme de haut niveau en lambeaux : « nous n’avons même pas eu la possibilité d’organiser une course digne de ce nom depuis 2001. Nous nous contentons d’une poignée de courses de quartier chaque année », explique Mr Ovenga, représentant du ministère des sports sur le Tour.

La première échéance décisive de cette marche en avant se présentera au mois de janvier. Le Gabon compte sur la participation de plusieurs équipes étrangères pour disputer « La Tropicale », une course à étapes où la Fédération veut aligner une équipe respectable, et même compétitive. Le faible réservoir actuel de coureurs avait donc bien besoin d’un remise à niveau intégrale, comme l’explique Jérôme Casagrande : « Quand ils sont arrivés ils étaient zéro. Ils ont débarqué les mains dans les poches, sans aucun matériel. Il avaient tout de même un budget prévu, donc nous sommes allés en Belgique pour nous procurer le plus rapidement possible des vélos. En attendant, nous avons commencé par une ou deux sorties à VTT, et en voyant leur physique, j’étais sûr qu’ils allaient m’épater. Au lieu de cela, j’ai mis tout le monde à plat ! Et idem pour la première sortie avec les vélos de route ».

Malgré quelques craintes naturelles devant le niveau des apprentis qu’il avait à initier, Jérôme n’a jamais douté du bien-fondé de ce projet. « J’ai tout de suite vu qu’il y avait un potentiel énorme. En tant que coureur, je vois bien qu’ils ont à la fois un vrai coup de pédale et des qualités physiques rares. D’ailleurs il faut voir ce qu’ils ont encaissé en 20 jours. Avec l’objectif que l’on m’a fixé, on est passé très rapidement à un entraînement bi-quotidien. Maintenant nous sommes sur le Tour, et cela se passe très bien, vu d’où on vient ».

Après six étapes, l’équipe la moins entraînée du peloton affiche toujours un effectif complet, et si son meilleur représentant, Mamazoul Ibinga, n’est que 58ème, les verts ont tout de même souvent montré le maillot : « Je suis d’autant plus surpris qu’ils m’ont avoué, seulement hier, qu’ils n’avaient plus fait de vélo pendant six mois, avant de me rencontrer, rigole Jérôme. Le seul problème c’est qu’ils n’ont aucun repère puisqu’ils n’ont jamais participé à une course aussi difficile. Alors ils se mettent peut-être dans le rouge sans s’en rendre compte ». Frédéric Obiang, un peu plus expérimenté que ses coéquipiers puisqu’il a participé deux fois au Tour du Cameroun, confirme : « Nous n’avons jamais roulé aussi vite et aussi longtemps. Mais on s’adapte et on s’accroche. On va tous tenir le coup car nous avons un but ». En parlant d’avenir, Jérôme Casagrande garde un ton enthousiaste, voir rêveur : « Si on continue de me donner les moyens, je suis prêt à mettre mes activités en sommeil et à me consacrer à eux. Je pense qu’en un an, ils sont capables de progresser suffisamment pour ambitionner une victoire d’étape sur le prochain Tour du Faso, et une représentation honorable au classement général ».

– Photos, Textes, Infos : Louis DOUCET - A.S.O. - sur l’épreuve au BURKINA.
– Nota : Les photos publiées ont été "retravaillées“ et ne peuvent être copiées.

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